Qu'est-ce que l'érotisme ?
L’érotisme nous distingue de l’animalité en ce qu’il parle de la qualité de lien qui existe entre partenaires intimes, à distance d’une approche purement organique du corps.
Il s’agit de se plaire, de susciter le désir charnel et de le faire vivre à travers un jeu sexuel incarné, qui pourra se fantasmer, se mettre en paroles puis en gestes; en respectant les limites de chacun, dans l’ici et le maintenant. En ce sens l’érotisme relève de notre humanité autant qu’il la révèle.
Cette qualité du lien se traduira par une écoute et une disponibilité mutuelle. S’offrir du temps gratuit, sans objectif de performance, sera un contexte favorable au déploiement d’une vie érotique épanouie. La vie érotique peut être un espace créatif de rencontre et de dialogue, avec soi-même et avec autrui; faisant appel aux différentes dimensions de l'être que sont le corps, l’esprit, l’âme et le coeur.
Par ailleurs, l’émotion, comprise comme le résultat d’une interaction entre une personne et son environnement, est au coeur de la vie érotique. La joie éprouvée par les partenaires, dans la réalisation d’un plaisir partagé, est un puissant levier relationnel. Quels peuvent en être les ingrédients ?
Abordons d'abord la distance entre les amants
Une saine distance ou juste proximité est à trouver entre les partenaires, pour que leur désir puisse éclore.
Une relation fusionnelle tuera le désir; tandis qu’une absence de proximité ne lui permettra pas de grandir.
Tout est dans la nuance et le subtil dosage que les amants mettront dans leur connexion intime entre proximité et distance.
L'alchimie de la rencontre reposera sur l'écoute, la parole, le toucher et tous les sens ... ; permettant que le moment présent soit magique, suspendu dans le cours de la vie quotidienne.
Qu'en est-il de l'imaginaire, soutenu par la parole ?
Selon moi, il existe un lien de proximité, entre la vie spirituelle et la vie amoureuse.
Je crois que cette connexion, entre une vie intérieure authentique et une vie érotique épanouie repose sur la liberté.
Une certaine liberté d’être, d’éprouver, de ressentir, de penser.
La sculpture en marbre de l’extase de Thérèse d’Avila, du sculpteur Gian Lorenzo Bernini, offre un visage de femme traversé par l’abandon. Et il y a un peu d’abandon de soi dans la rencontre charnelle. De quel abandon s’agit-il dans cette sculpture ? D’un abandon spirituel, et/ou amoureux ?
En outre, l’imaginaire, qui fait croitre le désir, est soutenu par la parole.
Aussi, la place de la parole dans nos vies intimes, que celle-ci soit érotique et/ou spirituelle, est prépondérante.
La parole d’un autre nous révèle à nous-même, dans l’assomption du désir et de la liberté.
N'oublions pas un autre ingrédient, qui est l'asymétrie issue de l'altérité
La curiosité liée à la découverte du corps de l’autre, de ce qui lui plait et lui procure du plaisir est chemin de rencontre entre les amants.
Les représentations et retours d’expériences situent davantage la sexualité masculine dans la conquête;
tandis que la sexualité féminine serait davantage dans la réception et l’accueil.
Une citation issue du livre du livre de Abnousse Shalmani, « J’ai péché, péché dans le plaisir », illustre cela :
« Les hommes aiment avant l’amour comme les femmes aiment après l’amour ».
Ces différences de représentations entre hommes et femmes ne constituent pas un obstacle absolu à une rencontre épanouie entre les sexes.
Cette altérité est féconde, dès lors qu’elles peut se mettre en paroles dans une qualité de lien qui respecte les limites de chacun.
Enfin, l'érotisme fait appel à une espérance d'éternité
L’orgasme, communément appelé « la petite mort », provoque un effet disruptif dans la rencontre charnelle.
Les amants, pendant un bref instant, fusionnent. Leurs limites s’estompent. Ils se rejoignent dans le grand tout.
Cette dissolution temporaire de soi-même dans la rencontre amoureuse suscite l’envie de recommencer, encore et encore.
Pour tenter de s’aimer (mieux), je finirai cet article par un extrait du Cantique des cantiques (Bible Segond), en son chapitre 5, versets 12 à 16 :
« Ses yeux sont comme des colombes près des torrents,
Se baignant dans le lait,
Reposant au sein de l’abondance.
Ses joues sont comme un parterre d’essences odoriférantes, des tours parfumées;
Ses lèvres sont des lis d’où ruisselle la myrrhe répandue.
Ses mains sont des anneaux d’or garnis de chrysolite;
Son ventre est de l’ivoire poli couvert de lapis-azulis.
Ses cuisses sont des colonnes de marbre blanc passées sur des bases d’or fin.
Son visage est comme le Liban,
Il se distingue comme les cèdres.
Sa bouche n’est que douceur,
Et tout son être est désirable.
Tel est mon bien-aimé, tel est mon compagnon, filles de Jérusalem! »
Que cette oeuvre intemporelle, issue de l'Ancien Testament, puisse être une source d'inspiration ...
Muriel Derouet, conseillère conjugale.
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